Alain Richard, photographies

Note d'intention

Ce portfolio est dédié à essayer de rendre compte de la beauté du monde qui surgit quand la lumière rencontre un être humain, que ce soit l'infinie variété des émotions nées du regard ou la caresse de la lumière sur les corps, tantôt tendre et sensuelle, tantôt éclatante et majestueuse.

Pardon au lecteur s’il y retrouve des manières de photographier qu’il a déjà vues chez d’autres… Pour l'heure, je suis comme ces élèves peintres des ateliers de Rome ou de Florence qui passaient des années à recopier les œuvres du maître avant d’oser proposer leur propre vision du monde.

Photographe de théâtre et de cirque par profession, j’ai constaté ma tendance, en triant les images pour la presse, à choisir celles où la concentration de l’acteur donnait une intensité magique à l’expression de son visage, une élégance à son geste.

Alors j’ai acheté trois flash de studio et je me suis lancé sans rien savoir des théories de l'art moderne, juste armé de souvenirs mêlés et confus de quelques Vénus de marbre sculptées d’après Praxitèle, ou peintes par Cranach, Titien ou Botticelli, la Maya Desnuda de Goya et la lumière dramatique de Caravage, comme la lumière éclatante que m’évoque le David de Michelange.

Depuis, je trace un chemin hésitant entre la recherche du graphisme et celle de l’émotion, entre le sublime et l’intime, entre le Clairobscur auquel je me suis formé grâce à Jean Turco, et les corps insolemment magnifiques projetés face à la lumière de la série  Big Nudes  de Helmut Newton. J’aime citer aux modèles, au début de la séance, le sonnet de Baudelaire qui commence par « Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre... ».

On ne verra dans ce portfolio presque que des nus féminins, ce n'est pas une décision réfléchie, seulement un conformisme de débutant qui recreuse les mêmes sillons que ses devanciers. Pourtant le David m’obsède, il faudra que j’y vienne un jour.

Je voudrais exprimer ma gratitude envers les modèles avec lesquel(le)s il m’a été donné de travailler. Je ne dis pas « poser pour moi », cela est bien réducteur et ferait du modèle un objet qui prête passivement son corps aux rêves du photographe. Pour moi le/la modèle est co-créateur(trice) de l’œuvre, et j’aime échanger sur les objectifs de la séance, sur les moyens à mettre en oeuvre, comme sur le choix final des clichés retenus. Sans compter le bonheur que c'est de faire des rencontres nouvelles, de belles personnes le plus souvent passionnées et passionnantes.